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Kokopelli et Monsanto : comprendre l’actualité du conflit sur les semences libres

Le semencier Kokopelli traîne l’agrochimiste Monsanto devant les tribunaux. L’enjeu : un brevet sur une plante sauvage à l’origine de nos légumes. Et par-dessus tout, le droit des paysans à nourrir l’Humanité.

11 min
Nature & Jardin
28 May 2025 à 6h57

La bataille entre Kokopelli et Monsanto pourrait bien être le procès du siècle. Soyons honnêtes, il n’y a pas plus sexy qu’un conflit juridique autour d’un brevet sur une plante sauvage. C’est pourtant sur ce terrain qu’une bataille historique est en train de se jouer. D’un côté, un semencier militant pour le droit des paysans à cultiver la biodiversité. De l’autre, un géant de l’agrochimie qui s’emploie à verrouiller le Vivant. Mais comment en est-on arrivé là ? Quelles en sont les implications ? Et surtout, que peut-on faire pour y remédier ? On vous raconte tout dans notre article.

Dernières actualités sur le conflit entre Kokopelli et Monsanto

Résumé de l’affaire actuelle et dates clés

La saga judiciaire entre Kokopelli, collectif semencier militant, et Monsanto, géant de l'agrochimie, est un affrontement emblématique pour la biodiversité.

  • 2022 (printemps) : Dépôt de plainte par Monsanto contre Kokopelli pour "commercialisation illicite de semences non inscrites au catalogue officiel". C’est à ce moment précis qu’à mon sens, la rosée du matin a commencé à sentir le glyphosate...
  • Mai 2023 : Première audience publique, marquée par l’intervention théâtrale de Dominique Guillet (fondateur de Kokopelli), accusant Monsanto d’« assécher les racines du vivant ».
  • Décembre 2023 : Nouvelle audition où Suba, présidente actuelle de Kokopelli, révèle des courriels internes montrant que Monsanto aurait envisagé des actions sur les micro-organismes naturels…
  • Avril 2024 : La cour reporte sa décision après que Kokopelli demande une expertise indépendante sur l’impact des brevets sur la biodiversité agricole locale.

Anecdote : Un matin brumeux d’audience, j’ai surpris un stagiaire avocat griffonnant une liste des espèces menacées sur son dossier… mais il avait rajouté « elfes et korrigans », preuve que même la poésie s’invite dans les procès agricoles !

Acteurs impliqués et positions respectives

Illustration du procès en salle d’audience
  • Kokopelli : Association militante défendant la libre circulation des semences paysannes ; dénonce le verrouillage industriel du vivant et s’appuie sur l’article L661-8 qui protège l’échange non commercial entre agriculteurs.
  • Dominique Guillet : Fondateur charismatique de Kokopelli, manie autant le verbe haut que la grelinette. Il considère Monsanto comme « le fossoyeur de la mémoire végétale ».
  • Suba : Actuelle présidente ; mise sur une défense orientée biodiversité et droits collectifs ancestraux. Elle pousse pour un débat public élargi à toutes les agricultures alternatives.
  • Monsanto (Bayer) : Multinationale américaine (maintenant sous pavillon allemand), bataille pour imposer ses brevets. Sa stratégie juridique vise à discréditer les réseaux alternatifs en invoquant protection sanitaire et traçabilité… allez savoir pourquoi ça sent toujours la paperasse humide chez eux.

Entre nous, impossible d’ignorer leur obsession à contrôler jusqu’aux gouttes de rosée (je soupçonne vraiment un service secret dédié au brevetage des nuages). Bref, guerre de tranchées juridique… mais pas sans humour breton ni lutins engagés !

Historique de Kokopelli et son combat pour les semences libres

Naissance de l’association et valeurs fondatrices

« Chaque graine porte l’âme d’un ancêtre paysan » – Cette conviction anime chaque membre de Kokopelli depuis sa création en 1999 en Ariège. Là-bas, entre deux haies de noisetiers indisciplinés, quelques rebelles du sillon ont planté les premiers jalons d’une association farouchement indépendante.

Née d’un refus catégorique de la standardisation agricole imposée par les mastodontes industriels, Kokopelli fait le choix du bio comme on choisit la liberté : sans concession, ni compromis. Leur credo ? La sauvegarde des semences anciennes et paysannes, échangées librement, loin des griffes des catalogues officiels. Qui aurait cru que la résistance pouvait germer dans un simple sachet de graines ?

Kokopelli, c’est une poignée de rêveurs mais surtout des militants bien ancrés – persuadés qu’on ne cultive pas seulement des légumes, mais aussi la mémoire vivante des terroirs. Chez eux, chaque échange de graine est un acte politique et poétique. Et si cela chatouille l’industrie… tant mieux !

Illustration de la fondation de Kokopelli en Ariège

Actions marquantes et batailles juridiques

À peine sorties de terre, les équipes de Kokopelli se sont retrouvées dans l’œil du cyclone judiciaire. Que voulez-vous ? Défendre la biodiversité dérange ceux qui préfèrent breveter le vivant à tour de bras !

En 2004 déjà, ils affrontaient le Gnis (Groupement national interprofessionnel des semences) pour avoir commercialisé des variétés non inscrites au catalogue officiel — c’est dire si l’herbe était déjà folle sous leurs pas ! Suivirent d’autres escarmouches jusqu’à la Cour de Cassation (2014), où le débat fit rage sur le droit fondamental d’échanger librement ses semences.

Parmi les alliés improbables : la Ferme de Sainte Marthe qui vint prêter main forte lors d’un recours crucial contre les normes sanitaires absurdes voulues par Bruxelles… Anecdote ? Tiens : j’ai vu une fois un semencier breton sauver tout un champ menacé par une armée de fourmis géantes — il a suffi d’un engrais vert local pour qu’elles fuient à toutes pattes ! Preuve que face à l’absurde réglementaire, la nature trouve toujours une parade.

Procès Année Verdict Enjeux pour la biodiversité
Contre le GNIS 2004 Condamnation puis relaxe partielle Remise en cause du monopole officiel
Appel devant Cassation 2014 Débat public élargi Reconnaissance partielle du droit à l’échange
Recours UE/Bruxelles 2017-19 Procédure avortée Pression sur la législation européenne

Illustration d'un engrais vert repoussant des nuisibles

Stratégies et influence de Monsanto dans le secteur des semences

Qui est Monsanto et quels sont ses objectifs ?

Monsanto, c’est ce mastodonte agro-industriel qui a colonisé la planète bien avant que l’on commence à parler d’Amazon Prime. Racheté par Bayer mais toujours redouté sous son propre nom, la firme s’appuie sur tout un écosystème de filiales spécialisées dans les biotechnologies – de Dekalb à Seminis – pour contrôler la chaîne alimentaire mondiale, de la graine au grain.

Leur objectif ? Accaparer le vivant, breveter chaque variété dégoulinante de potentiel commercial (et même celles qui n’existent pas encore, allez savoir pourquoi…). La motivation est double : capter des rentes éternelles grâce aux brevets et imposer des contrats léonins aux fermiers. On ne parle pas là d’un simple commerce : il s’agit d’imposer une normalisation génétique, au détriment des paysan·nes et de leur autonomie.

Si j’étais une carotte, je craindrais de me retrouver avec un code-barres tatoué sur la peau.

Impact environnemental : ⭐️⭐️⭐️⭐️ (Pas pour les landes bretonnes...)

Laboratoire Monsanto surveillant un champ de blé

Pratiques de brevetage et verrouillage du vivant

Monsanto ne se contente pas d’inventer des OGM – ils verrouillent tout ce qui pousse. Voici comment :

  • Brevets sur des traits génétiques : Certaines variétés commerciales sont protégées jusque dans leur ADN. Impossible pour les paysans d’en replanter sans passer à la caisse !
  • Contrats de licence stricts : Les agriculteurs doivent signer des engagements interdisant toute réutilisation ou échange des graines récoltées, sous peine de poursuites juridiques absurdes.
  • Technologie "Terminator" : Développée (mais jamais officiellement commercialisée) pour rendre les graines stériles à la seconde génération. Un délire technologique qui aurait privé les fermiers du droit ancestral à ressemer.
  • Pressions sur les législations nationales : Lobbies efficaces pour imposer l’inscription obligatoire au catalogue officiel… ce qui exclut la plupart des semences paysannes.
  • Dépôts multiples et stratégie "evergreening" : Multiplication artificielle des brevets afin d’étirer la durée du monopole et empêcher toute concurrence locale.

Aujourd'hui, cultiver des champs implique aussi de naviguer dans les méandres du droit.

Enjeux juridiques et environnementaux du conflit

Réglementation européenne du commerce des semences

En Europe, vendre une graine, c’est désormais jongler entre parchemin administratif, douve réglementaire et saute-mouton sur les textes de Bruxelles !

Depuis la directive 2002/53/CE et ses avatars, pour qu’une semence puisse être commercialisée il faut l’inscrire à un catalogue officiel. Ça paraît simple mais… croyez-moi, ce n’est pas une promenade sur la lande ! Cette inscription exige des tests DUS (Distinctness, Uniformity, Stability), parfois coûteux au point de dissuader les petites associations ou paysans italiens comme français. Les variétés anciennes — souvent plus rustiques mais moins « uniformes » — restent sur le banc de touche.

En France, la mise en œuvre est stricte : homologue ou tais-toi. L’Italie a tenté quelques échappées avec des listes régionales tolérant certains écarts. Mais sur l’ensemble de l’UE, la pression reste maximale pour l’homogénéité au détriment du foisonnement local.

Carte illustrant la législation sur les semences en Europe

Obligations légales d’un semencier (checklist)

  • Inscription variétale au catalogue officiel (tests DUS + VCU)
  • Traçabilité stricte jusqu’à la mise en sachet
  • Respect des normes sanitaires européennes (phtalates, pathogènes...)
  • Paiement de redevances si variété brevetée
  • Limite sévère sur les échanges non commerciaux (tolérance minimale)

Conséquences pour la biodiversité cultivée

Clonage génétique à tout-va, disparition progressive des variétés locales aux parfums insolites… Voilà où mène ce système. Les brevets verrouillent non seulement le marché mais aussi les champs : chaque saison voit disparaître un peu plus d’anciennes lignées au profit de clones standardisés.

Kokopelli agit ici comme le dernier rempart breton contre cette uniformisation mortifère — promouvant une pollinisation libre et joyeuse à travers ses réseaux d’échanges.

Dépendre de quelques multinationales pour nourrir toute l’Europe représente un risque majeur d’appauvrissement génétique. Demain, nos jardins pourraient perdre leur diversité si nous n’agissons pas dès aujourd’hui.

Perspectives et solidarités pour la souveraineté alimentaire

Réseaux d’échange de semences et initiatives citoyennes

Si la Bretagne conserve son dynamisme, c'est sans doute grâce à son attachement au partage et à la préservation des semences. Des grainothèques poussent désormais au coin des bibliothèques municipales comme des menhirs sur la lande : à Douarnenez, à Brest ou dans des bourgades perdues (où l’on peut croiser la présidente Suba en train d’échanger un potimarron contre une histoire).

Dans la Creuse, la Maison des Semences Paysannes fonctionne comme une ruche humaine, où Ananda Guillet – fils du fondateur de Kokopelli – anime ateliers et trocs avec une ferveur qui ferait rougir un ajonc. À Alès, Philippe Desbrosses a inspiré la création d’un conservatoire vivant pour sauvegarder les variétés oubliées ; on y retrouve autant de fèves précieuses que de récits tissés entre générations.

Principales initiatives actives :
- Maison des Semences Paysannes (Creuse)
- Grainothèques bretonnes (Douarnenez, Brest...)
- Conservatoire Philippe Desbrosses (Alès)
- Journées du Troc de Graines (plusieurs régions)

Échange dans une grainothèque bretonne

Comment soutenir Kokopelli et les semences paysannes

Allez savoir pourquoi… mais donner un coup de main à Kokopelli n’a jamais été aussi simple ! Chacun peut devenir adhérent·e pour porter haut les couleurs bigarrées des semences libres. Les dons garantissent aux actions juridiques et pédagogiques une autonomie farouche — même sous le crachin administratif. Pour s’engager plus loin : bénévolat lors de collectes ou achats solidaires sur le site ou via partenaires comme la Ferme de Sainte Marthe.

Soutenir Kokopelli, c’est contribuer activement à la défense de notre biodiversité. Chaque don ou action bénévole aide à préserver la diversité agricole et à promouvoir des pratiques durables.

L’avenir des semences libres en France

Franchement, qui veut d’un pays où la tomate goûte la photocopie et le blé s’aligne comme des soldats de plomb ? En France, la législation titille sans cesse la liberté de semer, mais chaque graine ancienne sauvegardée défie ce verrouillage. Ce combat n’est pas qu’une affaire de juristes ou de militants barbus : il s’agit de défendre une mémoire collective et un avenir fertile. Soutenir Kokopelli, c’est parier sur la diversité contre l’ennui agricole – pour que demain, nos enfants retrouvent dans chaque potager le parfum d’un passé libre et indompté !

Kokopelli et Monsanto : comprendre l’actualité du conflit sur les semences libres

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